jeudi 30 août 2018

LES SOUPES APÉRITIVE PÉRIGOURDINE.

VILLAGE DES EYZIES DE TAYAC, PERIGORD, LOUIS CAPITAN 1854-1924, MUSÉE DE LA PRÉHISTOIRE.

Tradition ou habitude oubliée, les soupes prises pour ouvrir l'appétit étaient monnaie courante à l'époque, surtout dans les régions pauvres comme le Périgord . 

LIRE UNE RECETTE.
 Les soupes apéritives Périgourdines avaient comme but d'ouvrir l'appétit ou en langage local  " L'estouma lou pu verrouilla "  l'estomac le plus verrouillé, ou le mieux cadenassé ne résistaient pas à ces soupes et ce mangeaient à la fourchette ( ce qui en dit long sur sa densité ) et permettaient selon les us et coutumes locale de déguster les plats qui suivaient avec un appétit gargantuesque.Mais malheureusement aussi pour une bonne part des habitants pauvres de cette région, ces soupes étaient l'unique plat , aussi bien au petit-déjeuner que pour les repas suivants.
MARCHÉ AUX OIES A SARLAT DÉBUT XXe, MUCEM MARSEILLE

LE CABOUSSAT .
Le Caboussat est un apéritif souverain pour débuter un bon repas.
Vous mettez une bonne cuillerée de très fine graisse d'oie ou de canard dans une casserole.
Vous prenez ensuite des croûtons de pain rassis, coupés de la grosseur d'une belle noix. Jetés dans la graisse chaude avec trois gousses d'ail, ces croûtons remués délicatement avec une cuillère en bois , ne seront passés au feu que deux ou trois minutes .
Dans la casserole on versera ensuite de l'eau très chaude ou du bon bouillon d’oie pour laisser bouillir cinq minutes. Sel, poivre, un seul clou de girofle, un léger filet de vinaigre ou mieux de verjus .
On sert le caboussat tout bouillant. On peut, si l'on veut, agrémenter cette soupe énergétique originale de quelques grains de muscade. Certaines personnes laissent les croûtons artistiquement dorés flottés dans la soupe ou écrasées dans le fond, cette dernière façon permet de manger cette soupe à la fourchette, ce qui n'est point banal.
Le Caboussat peut également se faire en faisant frire les croûtons à l'huile de noix de la maison Goursat, de Périgueux "marque Sem ."
 FULBERT DUMONTEL 1875.

LE TOURIN.
 Le Tourin, lui aussi, est comme le Caboussat, un potage de vielle origine périgourdine. En voici la recette.
On prend deux beaux oignons de la grosseur d'un œuf que l'on fait revenir avec lenteur dans de l'excellent saindoux.
Quand les oignons seront cuits de belle couleur, vous ajouterez (s'il vous plaît) une petite cuillerée de fine farine blanche que vous remuerez un instant avec mesure et précaution.
Vous verserez ensuite de l'eau bouillante avec du sel, poivre et filet de vinaigre. Il n'y aura plus qu'à tapisser votre soupière de fine tranches de pain rassis que vous couvrirez lestement de votre bouillon.
Le Tourin est la soupe obligatoire et classique des lendemains de Gala. Il ressuscite l’appétit en réveillent par sa gaité les estomacs endormis.
FULBERT DUMONTEL 1875

LA SOUPE BLANCHE
Encore une soupe ancienne et périgourdine qui est aussi un potage de carême.
Vous prenez deux gousses d'ail et quelques belles feuilles d'oseille seulement . Dans une casserole posée sur le fourneau, avec du beurre ou de la graisse de choix, vous y jetez les gousses d'ail et l 'oseille.
Quand cet ensemble aura vu le feu pendant quatre ou cinq minutes, vous rajouterez une petite cuillerée de farine que vous remuerez avec une rapide légèreté, il n'y plus qu'à verser l'eau chaude et qu'à laisser bouillir dix minutes. Vous dorerez ensuite votre bouillon avec deux jaunes d’œufs et vous verserez sur des tranches de pain rassis tapissant une soupière, sans le passer. Comme la Caboussat la soupe blanche peut être parfumée d'un soupçon de muscade .
ALFRED GOCIBUS 1899. 

Les jeunes chefs de la fin du XIXe ( sous la houlette d’Escoffier notamment ) allégèrent la cuisine de façon drastique, ainsi que le temps passé à table avec leurs recettes simplifiées ( si l'on peut dire )
Vers la fin du XIXe et le début du XXe , le temps que durait les repas diminuât et certains de se plaindre de cette avancé de la modernité en disant que l'on ne pouvait pas faire un bon repas en moins de six heures et que manger en quarante cinq minutes son déjeuner était tout simplement néfaste pour la santé, ceci explique aussi que les soupes apéritives Périgourdine disparurent des tables modernes, victimes des temps modernes.

ARTICLE PARUS DANS L'ILLUSTRATION 1900. 
Henry Havard , écrivain connu pour ces travaux sur l'art à travers les siècles, commençait, dans l'Illustration, en 1899, une série d'articles sous le titre pessimiste " La décadence de la cuisine française", et se terminait ainsi le préambule de son étude.

"Aujourd'hui les diners priés,( diner sur invitation ) au lieu de six heures, durent quarante-cinq minutes. Leurs compositions ressemblent à la liquidation d'invitations témérairement acceptées et dont on tient à se débarrasser rapidement. Le Maître d’hôtel annonce que " Madame est servie " avec des intonations de maître de cérémonie s'adressant aux "personnes de la famille " . Sa tenue est lugubre, son service glacial. On sort de table sans savoir ce qu'on a mangé, et ce n'est que justice comme on dit au palais .
Les élèves de nos grands cuisiniers, des Dugleré, des Balway, des Cubat, n’ont plus le goût raffiné de leurs maîtres. La perfection apportée dans la machinerie culinaire leur a gâté le palais et la main. Les méditations ont cédées le pas aux improvisations, et les formules chimiques ont remplacé l'expérience personnelle .

Comme on le lit, le combat de la nouvelle cuisine et de l'ancienne ne date pas d'aujourd'hui


JEU DE QUILLE, SCÈNE DE LA VIE RURALE EN PÉRIGORD,MUCEM MARSEILLE.







dimanche 5 août 2018

LES CRÈMES GLACÉE PLOMBIÈRES.

PUBLICITÉ 1935, METROPOPLITAN MUSÉUM, NEW YORK.


BOMBE GLACÉE 1925.
Drôle de nom plombières pour une crème glacée, ce nom proviendrait tout simplement du métal utilisé pour fabriquer le récipient de base dans la sorbetière, alliage de plomb et d'étain. Ce nom n'apparaîtra que vers le début du XIXe et disparaîtra presque complètement vers la fin du siècle, il serrât très en vogue durant le règne de Napoléon III ( 1850-1870 ) qui aimait prendre les eaux à Plombiere-les-bains, ville thermale des Vosges ou il signât un très important traité, et comme le snobisme l'emportait déjà sur la réalité, certains crurent que le nom de plombières fut donné au récipient en honneur à cette ville, il n'en est rien et dès la défaite de 1870 le nom perdit beaucoup de son usage. Il faut dire aussi que l'on finit par s'apercevoir que le récipient en plomb était on ne peut plus néfaste pour la santé et qu'il fut dorénavant fabriqué en étain uniquement.
Certain on cru pouvoir classé la plombières par l'usage que l'on en faisait, cet à dire fabriquée une glace d'un seul parfum, mais cela fut démenti par la multitude de recettes de plombières mélangeant plusieurs parfums et ingrédients divers, aussi pour finir je dirais que le nom de plombières est tout simplement un nom générique pour différents sortes de glaces,qui fut à mode pendant un certain temps puis qui disparut pour revenir à notre époque, par contre, glaces moulées, fromages glacés, bombes ou encore poudings glacés et bavarois glacés s'appliquent bien à différentes formes ou recettes de glace spécifiques .
MOULES À GLACE XIXe.

Vers le milieu du XIXe , la chimie avait fait de grandes avancées et l'on cru résoudre le refroidissement des sorbetières en utilisant les réactions chimiques de l'acide chlorhydrique ou le sulfate de soude ou encore un mélange d'acide carbonique et d’éther pour obtenir un refroidissement brutale de moins 30 degrés, cela amenât de nombreux accidents dans les pâtisseries et glaciers qui avaient le malheur de se prendre pour des apprentis sorciers, quand ce n'était pas les clients que l'on empoisonnait-ainsi, il fallut attendre les années 1890 pour voir apparaître des turbines à glace fiables et électriques.
PUBLICITÉ PARUE DANS LE JOURNAL DES PÂTISSIERS 1925.

CRÈME PLOMBIÈRES À LA RACHEL .
Mêlez dans une terrine trois quart de litre de lait d'amandes douces et amères, avec un quart de bonne crème crue; sucrez le liquide avec de la glace de sucre vanillé; passez au tamis deux fois.
Faites glacez l'appareil dans une sorbetière ; mêlez-lui ensuite la valeur de un litre de crème fouettée, légèrement sucrée, en opérant avec les précautions d'usages . Vingt cinq minutes après dressez la plombières en rocher, sur serviette pliée; entourez-la avec des petits choux fourrés à la chantilly, glacés au chocolat.
JULES GOUFFÉ 1874.

CRÈME PLOMBIÈRES AUX PASTÈQUES.
Passez au tamis 5 à 600 grammes de chair rouge de pastèque; mêlez du sirop froid à cette purée pour lui donner 22 degrés au pèse-sirop; ajoutez le suc de 3 oranges et de 2 citrons, un peu de zeste des deux; passez-la encore, faites-la glacer à la sorbetière; finissez-la avec quelques cuillerées de bon rhum, et ensuite ajoutez de la crème fouettée, sucrée, en opérant avec les soins requis plus haut.
Dressez sur une serviette avec une bordure de madeleine , glacée au rhum.
JULES GOUFFÉ 1872.

PLOMBIÈRES MARGUERITE.
Préparez une crème anglaise, avec 8 jaunes d’œufs, 375 grammes de sucre, trois quarts de litre de lait et de crème crue, un bâton de vanille coupé. Quand elle est froide, passée , versez-la dans une sorbetière, faites-la glacer à la plombières. Quand elle est bien lisse, mêlez-lui , peu à peu, une infusion de 3 cuillerées de sirop d'ananas ,mêlez avec une quantité égale de liqueur d'Alkermès https://www.supertoinette.com/fiche-cuisine/1635/alkermes.html et autant de Marasquin. Travaillez encore la glace pendant 10 à 12 minutes; incorporez-lui alors un demi-litre de crème fouettée, légèrement sucrée ,mêlée avec une petite partie de la glace, afin qu'elle ne graine pas.
Quand le mélange est opéré, que la plombières est lisse, moelleuse, mêlez-lui un salpicon d'ananas confit, préalablement lavé à l'eau tiède, macéré une heure dans du sirop.
Masquez, avec du papier, l’intérieur d'un moule à dôme de forme élevée, forme en pointe; fermez-le, frappez-la sur la glace salée; 10 minutes après, emplissez-le avec la plombières . Fermez l'ouverture du moule avec un rond de papier, puis avec son couvercle; mastiquez-en les jointures avec de la pâte crue ou du beurre; couvrez-le avec une épaisse couche de glace salée, faites-le frapper 5 quart d’heure.
Au moment de servir, lavez le moule à l'eau froide, enlevez le beurre et le couvercle; renversez la plombières sur un fond , en bois, couvert d'une serviette pliée. Piquez sur le haut un pompon en sucre filé, entourez-en la base avec des petites tartelette de fruits.
URBAIN DUBOIS 1860.

VACHERIN POUR PLOMBIÈRES.
SORBETIÈRE TOSSELI ,DÉBUT XIXe
Battez 3 blancs d’œufs bien ferme à l'aide d'un fouet en fil de fer; mélangez légèrement le sucre glace
et dressez cette meringue , à la poche garnie d'une douille étoilée, de la longueur d'un biscuit cuiller, sur des plaques cirées à la cire blanche???, puis poudrées de sucre pilé fin , caisez ( caisse, plaque allant au four ) à four bas, comme toutes les meringues sèches, après les avoir poudré de sucre . Lorsque ces bâtons meringuées sont cuits et d'une belle couleur jaune, vous les mettez à l'étuve pendant une heure ou deux, afin de les rendre bien cassants; ensuite vous les calez ensemble dans l’intérieur  d'un moule à charlotte avec du sucre cuit au cassé. Vous aurez un rond fait de la même pâte de meringues et cuit de la même façon sur une plaque cirée, du même diamètre que le moule à charlotte et que vous collerez en temps voulu pour scellez le moule avec du sucre au cassé.
Enlevez, passez au tamis et laissez refroidir; faîtes prendre à la sorbetière comme une glace. Lorsque la composition est bien prise, ajoutez 50 centilitres de crème fouettée très ferme, que vous mélangez graduellement pour éviter de faire des grumeaux; ajoutez 125 grammes de cerise confites, coupées en morceaux et 125 grammes d'ananas coupés en très petits dés, que vous aurez eu soin de faire macérer pendant 6 heures dans du Kirsch vieux. Au moment de servir, vous remplissez le moule à charlotte  que vous fermez par le rond en meringues .Vous démoulez sur un plat rond . Vous garnissez le tout de pistaches hachées et décorez de crème fouettée à l'aide d'une poche à douille
PIERRE LACAM 1884.

APPAREIL À PLOMBIÈRE POUR GARNIR.Faites bouillir 1 litre de crème crue, pendant ce temps, battez 9 jaunes d’œufs avec du sucre en poudre, battez très énergiquement avec un fouet , pour faire blanchir; ajoutez une gousse de vanille du Mexique, mélangez la crème bouillante en continuant de fouetter; tournez sur le feu avec une spatule jusqu'au bouillon . Enlevez, passez au tamis et laissez refroidir; faîtes prendre à la sorbetière comme une glace. Lorsque la composition est bien prise, ajoutez 50 centilitres de crème fouettée très ferme, que vous mélangez graduellement pour éviter de faire des grumeaux; ajoutez 125 grammes de cerise confites, coupées en morceaux et 125 grammes d'ananas coupés en très petits dés, que vous aurez eu soin de faire macérer pendant 6 heures dans du Kirsch vieux. Au moment de servir, vous remplissez le moule à charlotte  que vous fermez par le rond en meringues .Vous démoulez sur un plat rond . Vous garnissez le tous de pistache hachées et décorez de crème fouettée à l'aide d'une poche à douille.
PIERRE LACAM 1884.
PIÈCE MONTÉE 1925, INSPIRÉ D'UNE PIÈCE MONTÉ CRÉE PAR LE CHEF GUILLOT, AUX SERVICE D'ALPHONSE DE CHATEAUBRIAND . LA BASE EST EN CRÈME PLOMBIÈRE A AJOUTÉ AU DERNIER MOMENT DIT LE COMMENTAIRE!!!!!L